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La valorisation des terres viticoles en Bourgogne

La valorisation des terres viticoles en Bourgogne

La Bourgogne, symbole d’excellence viticole, voit la valeur de ses terres grimper en flèche. Pourtant, derrière cette flamboyance se cache une réalité plus contrastée : spéculation, transmission difficile, mais aussi affaiblissement du vignoble et risques sanitaires. Aujourd’hui, la valorisation foncière ne peut plus être pensée sans une réflexion profonde sur la santé du matériel végétal.

Les terres viticoles bourguignonnes figurent parmi les plus chères de France. En Côte de Beaune, on dépasse parfois les 4 millions d’euros par hectare en premier cru, et les parcelles de grand cru tutoient des sommets encore plus vertigineux. Ce niveau de prix rend l’achat quasi impossible pour de jeunes vignerons, surtout dans un contexte de transmission où les droits de succession forcent parfois à vendre.

Mais ces prix masquent une autre réalité : la vigne s’essouffle. Et certaines parcelles, pourtant classées haut dans la hiérarchie des crus, souffrent de dépérissement sévère, remettant en cause leur productivité à long terme.

De nombreux domaines alertent sur l’affaiblissement génétique de la vigne, conséquence d’une sélection clonale intensive au cours des dernières décennies. Peu diversifié, le matériel végétal actuel montre des signes de sensibilité accrue aux maladies, une longévité réduite, et des déficits de vigueur. Cette fragilité rend certaines parcelles moins rentables, voire invivables sans replantation, ce qui relativise leur valeur foncière réelle.

En Bourgogne, plusieurs initiatives visent à rediversifier les cépages cultivés, notamment en utilisant des sélections massales et en recherchant des porte-greffes mieux adaptés aux effets du changement climatique (sécheresse, calcaire actif, etc.). La sélection massale consiste à sélectionner, directement dans la vigne, les ceps les plus prometteurs.

Le dépérissement du vignoble, fléau silencieux, coûte chaque année des millions d’euros à la filière. En Bourgogne, comme ailleurs, les maladies du bois (esca, eutipiose) provoquent des pertes de rendement et la mort précoce des ceps. Ces affections, difficiles à contenir, compromettent directement la valorisation d’une parcelle, surtout lorsque les pieds morts se multiplient.

Autre menace plus insidieuse : la flavescence doré. C’est une   maladie grave de la vigne causée par un phytoplasme, un microorganisme pathogène. Elle est transmise par un petit insecte appelé cicadelle, qui contamine les ceps en se nourrissant de leur sève. Cette maladie perturbe profondément le fonctionnement de la plante, provoquant un dérèglement de ses processus physiologiques, ce qui peut entraîner un affaiblissement sévère, une baisse de rendement, voire la mort de la vigne. Sa progression en Bourgogne reste contenue grâce à la vigilance des viticulteurs et aux traitements obligatoires, mais le risque d’épidémie reste élevé, notamment dans le Mâconnais et la Côte Chalonnaise.

La flambée des prix rend la transmission des exploitations viticoles très difficile. Pour répondre à cette problématique, un amendement voté dans la Loi de Finances 2025 a porté l’exonération fiscale partielle de 500 000 à 20 millions d’euros, à condition de conserver les terres pendant 18 ans. Cette mesure, saluée par la filière, vise à protéger le modèle viticole familial face aux investisseurs extérieurs.

Mais là encore, le coût de reprise ne se limite pas à la fiscalité : replanter un vignoble atteint de dépérissement ou de maladies peut représenter une charge colossale, sans parler de la perte de production pendant plusieurs années. Aujourd’hui, la valorisation d’une terre viticole ne peut plus se résumer à son classement ou à son rendement immédiat. Il faut y intégrer l’état sanitaire du vignoble, la durabilité du matériel végétal, les risques climatiques et érosifs, et la capacité à se projeter sur plusieurs générations.

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